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Sociology vs. Gymnastics : Who’s gonna win ?

Les temps sont durs et lorsqu’on ne passe pas ses journées à bosser sur Weber ou dans les collèges pour fighter l’administration et avoir accès aux profs, on finit parfois par se demander si en dehors des cours, on peut avoir une passion. Il y a environ 5 ans, pendant mes années lycée, je ne me serais jamais posé cette question. Le plus important, c’était de suivre les cours et avoir son bac, avec mention TB si possible (et d’ailleurs on voit aujourd’hui encore les rewards, merci le Crous et Sc po au passage, c’est gratuit !).

Bref, Avant, je ne voyais la gymnastique que comme un loisir, et peut être un moyen de frimer pendant les cours de sport (quand on a passé sa scolarité à être la dernière de la classe et au cross, pouvoir faire de la danse/gym/et on oublie le ping-pong, c’est un peu Hallelujah). Mais après avoir passé un an en suivant ET des cours à l’université ET des cours de sport 4 fois par semaine (super intense), puis avoir fait face aux limites d’une corps humain et les urgences écossaises (aïe), en pensant ne jamais pouvoir retrouver un sol de gym (franchement c’était en faire trop pour un minuscule bobo…), je me suis finalement dit que j’arrêterai la gym quand j’aurais 48 ans, peu importe les courbatures (et l’avis du kiné).

Sauf qu’entre temps, la sociologie, passion lointaine elle aussi, est arrivée. Vingt heures par semaines, pas de quoi s’affoler. Mais 20h PLUS les 50 heures de travail personnel (même si d’après les profs, ce n’est pas du tout assez voyons !) ça commence à bien remplir l’emploi du temps.

Et là, arrive le clash. 
On sait bien que la carrière d’un/e sociologue est plus longue que celle d’un/e gymnaste. A vrai dire, un sociologue a plus de chance de se voir déclarer professeur au collège de France pendant sa retraite, tandis qu’un gymnaste est content de terminer sa carrière à 25 ans (et encore, je suis optimiste ici). De plus, pour avoir une carrière en gymnastique, il faut être au moins génialissime et avoir des muscles en béton. Et j’en passe.
Je ne ferais donc pas carrière dans la gymnastique, pas plus que professeur au collège de France (enfin, ça j’ai encore 40 ans pour y remédier). Cependant la question reste toujours : pourquoi continuer la gymnastique ? Pourquoi continuer la sociologie ? Et pourquoi ne pas combiner les deux ?

Ou alors on peut changer de passion

Revenons aux origines:
J‘ai su que je voulais faire de la sociologie lorsque j’ai reçu mon premier contrôle d’SES en seconde avec un 20/20. Vous allez me dire « mais c’est pas la première fois dans ta vie que tu as eu un 20/20 quand même ? ». Non, peut être pas, je ne m’en souviens plus. MAIS je me souviens que ce contrôle portait sur des notions simples, sur la présentation des études statistiques, quelques questions sur la famille, les métiers, les institutions, rien de bien compliqué. Ce qui était fascinant n’était pas la facilité, mais l’impression de n’avoir pas eu besoin d’apprendre quoique ce soit, que ce savoir était déjà là, qu’il ne fallait que l’organiser et le faire sortir. Voilà. La sociologie, cela n’était pas une matière comme les autres, il fallait juste un peu d’observation (enfin, depuis on a lu les traduction de Weber et on a changé d’avis, bien sur). Ensuite, la passion s’est accrue avec la découverte auteurs par auteurs. Outre le fait que Weber est mort en 1923 et qu’il n’a assurément pas écrit de livre en 1929 (oui, ça m’a marqué), j’ai fini par comprendre uniquement cette année (2013 ofc) qu’il avait été publié à titre posthume par sa femme, et donc que ma réponse m’avait quand même valu un point au contrôle pour des raisons valables (et non pas que le prof avait mal lu mon « 3 », pourtant sans équivoque). Durkheim, Marx, Weber et Tocqueville se succèdent. On se demande pourquoi avoir choisi Sciences Po ? Ne cherchez pas, c’est l’obsession de la pluridisciplinarité au départ (et aussi parce que bon, apparemment avec un diplôme de socio on peut rien faire, donc il faut avoir quelque chose de plus… surtout quand on est pas dans l’élite…). Le parcours ensuite est simple : continuer la sociologie, ne jamais s’arrêter, et arriver si près du but final, en Master (et puis en thèse, si on survit aux cours, aux décrochages et aux empoisonnements des camarades!).

 

True !

Les origines de la gymnastique sont plus complexes. Ça remonte bien à la socialisation primaire (qui montrait déjà des défaillances…), où les parents choisissent un sport, et où on se débrouille pour pas être trop nul et se faire des amis (super difficile quand même…). Et puis en se rendant compte que l’on n’arrive pas à faire le grand écart ni la roulade arrière (enfin si, une fois, et on finit le nez en sang en se prenant son genoux dans la figure), on finit par abandonner. Voilà mes débuts. J’ai finalement décidé quelque chose de moins dangereux (le théâtre, ce n’est pas un sport, mais on a beaucoup soufflé quand même !), puis quelque chose de plus dangereux (le cirque, parce qu’on adore être sur une énorme boule qui roule à 5m du sol), on finit par revenir aux origines (il y a quelque chose de cyclique… un peu comme dirait Pareto non ?). Revenir à la gymnastique a surement été ma meilleure idée. Tout d’abord pour progresser enfin dans un sport, et puis pour rencontrer une équipe (même si c’était uniquement pour un an). Il est difficile de s’imaginer ce qu’un sport peut apporter physiquement, mais surtout psychologiquement, si on en fait pas, et depuis ce retour, je n’ai jamais cessé de pratiquer. Quand c’était pendant les cours obligatoires (oui, on se rappelle nos super chorégraphies du lycée, de même qu’en danse…), ou bien en dehors, il y avait toujours cette passion qui grandissait. L’apogée bien sur, c’est le EUGC (Edinburgh University Gymnastics Club), dans une université qui permet vraiment aux étudiants de s’épanouir question sport. Et voilà, toujours aujourd’hui à suivre des cours (je passerai sur le fait qu’on m’ait mise dans un groupe débutant parce qu’il n’y avait pas de places ailleurs…).

Oui, et alors ? 
Eh bien tout ça pour dire que ces deux choses sont aussi importantes l’une que l’autre. Avoir une passion, ou deux, n’est pas un mal en soi. Il peut être compliqué de les allier, mais si on ne veut pas y renoncer, il faut s’en accommoder.
Vous allez me dire : Mais pourquoi ne pas rassembler les deux, et faire de la sociologie du sport ? 
Ok, l’idée semble sympa en apparence, mais elle ne me semble pas viable.
Économiquement d’abord, j’imagine mal un laboratoire se concentrer uniquement sur ce sport.
Ensuite, d’un point de vue plus personnel, je ne crois pas que la gymnastique puisse être étudiée sociologiquement, sans en déconstruire le mythe que j’en ai fait. Oui, j’ai découvert le genre et toutes ces autres notions sociologiques, et au final je regarde et pratique toujours ce sport qui met en valeur les jeunes filles pleine de grâce et pailletées. Jeunes filles qui doivent forcément être jeunes, vu que leur corps ne supporte plus la brutalité du sport après une dizaine d’années de pratique, mais qui doivent aussi présenter le visage de la femme que la société attend.

Gracefully !


On valorise dans les compétitions des postures élégantes, des sourires (enfin…), et on admire des magnifiques justaucorps. Oui, d’accord, ce sport est très genré, mais il ne faut pas oublier que les gymnastes ne sont pas qu’artistiques, elles sont aussi très fortes, pleines d’équilibre, et ont une énorme puissance qui n’a rien à envier celle des hommes dans la même discipline.

Certes, les hommes ne doivent pas danser au sol avec une musique de fond, leurs exercices sont différents. Cependant, la gymnastique cherche à mettre en avant chez les hommes comme chez les femmes la puissance du corps humain. Non, je ne parle pas de déterminisme biologique, mais il est vrai que les muscles développés ne sont pas les mêmes (peut être en partie due aux exercices pratiqués, mais à quel point ? est-ce significatif ?). Je pense donc que ce sport n’est pas le plus genré. Et je n’ai pas envie de faire de la sociologie dessus car cette seule pensée me suffit. Mais regardez des hommes pratiquer la gymnastique, et vous les trouverez surement aussi gracieux que les femmes !
Voilà, la gymnastique et la sociologie restent ma passion, et on aura beau faire autant d’étude de la sociologie des corps qu’on voudra, je n’en démordrais pas !

Oui la poutre reste ex-æquo avec le sol, question préférence…

Match nul, j’ai trop écrit !

A bientôt…
Mélissa

La Terre ne va pas s’écrouler (enfin, il paraît qu’à Paris, un jour, si.)

On passe tous par ce moment de panique viscérale la première semaine de cours, alors qu’on a encore des tongs aux pieds, en voyant une montagne insurmontable de travail s’immiscer dans notre quotidien.  C’est pendant cette semaine aussi que les profs se font un plaisir de vous rappeler à quel point vous êtes ignorants à coups de « bon, je vous explique pas ce livre, de toute façon vous l’avez déjà lu trois fois, mouahahahaha ». On peut toujours se dire qu’on est les 3/4 dans la même galère, sauf qu’il y aura toujours un dernier quart pour savoir EXACTEMENT ce qu’il se passe à la page 45 des Étapes de la pensée sociologique. 

C’est donc aussi pendant cette semaine particulière que les doutes nous assaillent.

« Bon ok, j’ai toujours aimé lire, c’est pour ça que j’ai pas fait un bac S, mais je lisais pas Weber à l’époque, j’en étais encore à JK Rowling ! » (ceci dit, vous pouvez toujours finir à Sciences Po avec un cours sur JK, OUAIS)

Et puis il y a aussi :

« J’aurais du faire S quand même, et continuer en Maths appliqués, parce que bon, on dira ce qu’on voudra, mais j’ai toujours su compter, il n’y a qu’à apprendre par cœur après tout, et être un peu logique ! J’aurais même pu FAIRE ÉCONOMISTE (et devenir le Némésis de mon prof de socio-éco). »

Et fondamentalement, on finit toujours par se dire :

« Non mais de toute façon, les sociologues ce sont des gens fondamentalement seuls. Comment tu peux vivre tous les jours sachant que chaque geste que tu fais, tu le fais pas réellement pour toi, mais POUR LES AUTRES. Parce qu’on vie en société et que TOUT EST RÉGULÉ (ou presque). Même être sociologue, c’est sociologiquement dé-constructible. C’est un poids lourd à supporter d’avoir conscience de tout ça hein ! ET PUISQUE C’EST COMME CA, JE RESTE EN PYJAMA TOUTE LA JOURNÉE, JE FAIS MON ANOMIQUE. »

Bon, et après avoir passé sa semaine à la bibliothèque (coucou le 3ème étage, je t’aime bien !), on finit par être résigné, et se dire qu’avoir entrepris ce magnifique et tortueux chemin finira forcément par nous donner pas mal de capital symbolique (faut pas s’attendre à avoir des brouzoufs par contre). Et même si on est les étudiants les moins bien sapés de Sciences Po, on pourra toujours expliquer que c’est un refus de rentrer dans la norme, en hommage à Durkheim.