lost in translation

Sofia Coppola

Je profite de la sortie de The Bling Ring pour parler un peu des films de Sofia Coppola.
Cette réalisatrice m’était inconnue il y a 3 ans, jusqu’à ce que j’aille par hasard (ou presque) voir Somewhere, tout simplement parce que Phoenix faisait partie de la BO. J’ai tout de suite accroché à la « lenteur » du film, qui est aussi une caractéristique de Virgin Suicides et Lost in Translation.

Somewhere présente la vie d’un acteur riche et célèbre (et divorcé) qui retrouve sa fille pour une période un peu plus longue que prévu. L’ambiance est indescriptible, à la fois simple et recherchée. L’American Dream n’en est pas vraiment un, on se confronte à la vie des « stars », une vie réelle, avec ses frasques et son ennui. La scène avec la voiture de sport faisant des tours sur une piste pendant 10 bonnes minutes (sous les accords de Love like a Sunset) m’a semblé chargée d’un message très fort. On n’en viendrait pas à plaindre les riches américains de la côte Ouest, mais on finit par s’attacher aux défauts de leurs vie. Les choix de Coppola en matière de réalisation sont bien menés, la langueur devient légèreté, portée par la musique (et de bons acteurs).


Mon second Coppola fut Lost in Translation. Encore une fois, j’ai adoré l’ambiance particulière, le thème évoqué (deux personnes perdues dans une ville étrangère, essayant de surmonter l’ennui et la différence) et le jeux d’acteur. On s’attache encore une fois à l’histoire des personnages et à l’esthétisme du film.

J’ai ensuite regardé l’incontournable Virgin suicides, qui est un peu différent des autres. L’histoire (des suicides de jeunes filles dans une banlieue américaine) est étrange, les faits toujours inexpliqués, mais le ton est prenant. On en apprend sans en apprendre vraiment, on regarde comme les garçons ces jeunes filles vivre leur vie, cloîtrées et assoiffées de liberté. Cette fois, on se rapproche un peu plus de la population américaine, du moins d’une partie vivant leur American Dream.

The Bling Ring est différent. La cadence est soutenue, les événements s’enchaînent. La musique rythme le tout. On retrouve bien la touche de Coppola, sa critique de la société et son regard sur les people ou la jet set. Le film pourrait passer pour un documentaire, mais il n’en est pas un. Les jeunes acteurs jouent parfaitement leur rôle, et bien qu’on leur reproche de ne pas incarner exactement les personnes réelles du fait divers, ils sont l’exemple d’une jeunesse qui s’ennuie. Oui, je trouve que Coppola nous montre l’ennui de la société, qui est teintée d’envie, ou d’absence d’envie (comme dans ses autres films). Au final, en voyant ces maisons gigantesques à L.A on finit presque par vouloir faire comme ces ados. Non pas parce qu’on envie les stars, mais pour montrer quelque chose, faire passer un message. Je ne dirais pas que Coppola est une militante, mais elle pose les bonnes questions, au sein même du milieu dont elle fait partie.