ados

Rewind (le blabla kikoo des soirées d’Hiver)

Typiquement, un article sur Skyblog, ça comporte une citation ou un envolée lyrique, une photo vintage/tentative d’amateur/montage sur photofiltre raté, et un message profond, mystérieux. Enfin typiquement, je dis ça, mais au départ c’était plutôt « je résume ma vie en private jokes et tous mes amis viendront liker commenter ». Voilà bien pourquoi je regrette d’avoir supprimé padme14.skyblog.com, où il y avait forcément de consigné l’emploi du temps du 23 Mars 2005 (parce que ça parlait surement de bataille de graviers près des tables de ping-pong). En gros, c’était la bonne époque, et c’est bête de ne plus avoir de traces de ces merveilleux moments où on était des ados boutonneux. Malgré tout, le dernier a survécu à l’éradication.

Et même, on faisait des listes, des listes un peu stupide comme « dormir dans un champ, être coincé dans un escalator, manger des barbes-à-papa, lancer des petits-suisses ». Ceci dit, la liste spécialement dédicacée par M. pour mes 20 ans compte « embrasser un inconnu, se baigner dans une fontaine la nuit, abandonner (ma pomme) ivre ». On peut donc raisonnablement en conclure que : l’escalator et les petits-suisses, c’est tout de même bien plus fun. Pour ce qui est des private jokes, rien ne sert de vous raconter l’histoire de 10 centimes, mais sachez que la fin du monde est proche, quelques centaines d’années tout au plus.

On va tous s’anéantir mais d’ici là on peut toujours danser

Un blog de jeunesse, c’est donc comme un album photo, mais un album amélioré. On a non seulement les photos, mais aussi le fond sonore (parce que le MUST c’était d’avoir la bonne musique, tip top, un peu avant-gardiste, et totalement kikoo), les commentaires des amis, et les couleurs criardes (oui, on aimes les dégradés skyblog, et on a tous appris ce que veut dire #FF0000. C’est un peu là qu’on apprend la vie, notamment sur le blog des autres, des amis des amis qui ne sont pas vraiment nos amis. Là est aussi la différence avec Facebook, mais bon, c’est une autre histoire.

Le fait est que l’on finit toujours par céder, rembobiner la cassette et se retrouver à 15 ans sur un carré d’herbe (ensoleillé sviouplait). On a un peu pitié de cette personne qui se prétendait être nous, mais à vrai dire, on échangerait bien notre place. Eh, ça ne vous dirait pas de retourner faire des équations-bilan, des boites à chaussures décorées et des rally lecture ? Je ne sais pas si vous avez essayé, mais le jeu « lire 5 livres de Bourdieu en un mois » c’est un peu moins fun. Sans passer par le syndrome de Peter Pan, il y a des fois où on aimerait bien retourner là-bas, écouter les tubes de l’époque, même si ça parlait de ruptures, de cœur brisé et de bestfriendsforever. Et puis à l’époque, au moins, moi je savais parler chinois.


Oui, c’est dur…



Ceci dit, c’est bien aussi ici, on a une bibliothèque chauffée, des portes automatiques, et c’est toujours un peu la classe quand on dit « ouais, je suis en master » même si on fait toujours 1m50. Et puis, toutes ces réflexions, ça pourrait aussi donner un bon mémoire sur l’usage des médias et des réseaux sociaux par la cohorte des années 1990-1995. Sisi, à ajouter à la liste, juste derrière « euh, un truc sur l’hyperféminisation, je sais pas trop quoi encore ».

Piste de réflexion pour un mémoire que j’aimerais beaucoup produire, dans l’hypothèse ou quelqu’un prendrait ce sujet au sérieux (certes, Marx a révolutionné les sciences sociales, mais il était pauvre, et j’aimerais pas trop emprunter à mon pote Engels).

Je pensais pour la quatrième fois de la journée *mais qu’est-ce que je vais bien pouvoir choisir comme sujet de mémoire ?* n’arrivant toujours à remplir mes 3 conditions : Que ça me plaise, que cela serve à quelque chose, et que cela ne soit pas déjà fait, et je me voyais déjà passer tout l’été à dans une obscur coin de la fonction publique à la place de faire mon terrain, parce que oui, au final, j’aurais finalement choisi d’aller observer une classe, AGAIN, sans savoir vraiment en quoi cela pourrait être utile (à moins d’une brillante idée d’ici le mois de Mai)… Quand tout à coup, mes yeux sont tombés sur un énième post Facebook (d’une série TV dont je ne donnerai pas le nom, Ahem).
Et là, choc électrique, roulements de tambours…

C’est le moment où soit vous laissez tomber cet article, soit vous entrez dedans (et Harry revient !)



Et bien toujours rien. Non, je ne vais pas faire de la sociologie des séries TV, vu que cela ne remplit aucune de mes conditions. Cependant, une idée, rien qu’une petite idée, s’est déplacée de neurones en neurones, s’est constituée en une envie, un argument, et une question… *Mais diantre, j’adore lire des dystopies, et je ne sais pas pourquoi ! Les livres se vendent comme des petits pains, et personne n’a cherché à savoir pourquoi ? MAIS VOILA UNE BONNE QUESTION*. Alors, j’ai cherché sur google, sur Recherche +, sur Scholar …et je me suis arrêtée là parce que non, il n’y a aucun article sur la vente exponentielle de roman dystopiques « adolescents » ces dernières années. Serait-ce que ce phénomène, au fond, n’existe pas ? Après tout, à son époque, Orwell s’est bien vendu…

Et toc !

 

Et pourtant. Pourtant quelque chose me dit que derrière tout cela, il y a quelque chose de sociologique. Oui, je pense qu’Harry Potter a révolutionné la lecture pour une génération, et je pense que la vente de livres à dimension extra-générationnelle (il est tard, je ne trouve plus le mot pour « qui dépasse le phénomène des générations » ou de l’âge, d’ailleurs). Quand j’étais petite, je passais mes journées dans les bibliothèques publiques. Et je peux vous dire que les rayons, je les ai rapidement tous passés en revue. De même, dans les librairies, les étagères de livres pour enfants me semblaient si… vides (d’où le moment où j’ai découvert la section « science fiction », mais passons). Le fait est qu’aujourd’hui, une partie des rayons pour enfants a été agrémentée de nombreuses étagères avec des noms tous un peu bizarres « teen littérature », « romans adolescents », « jeunes adultes »… et j’en passe. Et puis, et puis… L’imaginaire s’est ouvert.
Ce qui est encore plus étrange, c’est que des livres classes dans les rayons de science-fiction « adulte » se sont déplacés lentement, mais surement, vers ces nouvelles étagères… et un jour, en entrant dans la bibliothèque d’une jeune ado de 13 ans, j’ai vu clairement un genre se dégager. Les dystopies. Que de questions ! Que s’est-il réellement passé ? Pourquoi, un jour, un livre au fond aussi cruel que Hunger Games s’est retrouvé vendu à des milliers d’exemplaires (au moins, je chercherai les chiffres demain) et projeté en film partout dans le monde ? Cette première question m’a amenée à me demander si l’espèce humaine n’était pas devenue ironique avec elle-même, réalisant son pouvoir d’auto-destruction et… Non, bon, je m’égare.

Même lui il se moque de nous.


Cette première question relève surement de la sociologie de la consommation, une bonne enquête statistique pourrait surement nous éclairer… et elle devrait même concerner l’ensemble de la population, car oui, des adultes lisent ces livres. On pourrait aussi se demander si ce n’est pas une consommation « populaire » (après tout, on a jamais discuté à Sciences Po d’Hunger Games non ? En débat peut être ? whatever…). Ceci dit… une enquête statistique autour d’UN livre n’apporterait peut être pas grand chose à la sociologie.

Sauf que vous vous trompez, si vous pensez que ce livre est le seul… Car dans la bibliothèque de cette ado de 13 ans il n’y avait non pas UNE trilogie dystopique, mais au moins CINQ saga dystopiques (bon ok, y en a une qui est à moi, mais elle est cool…). Certes, il y a toujours Harry Potter (qui menace l’étagère de s’effondrer), mais ces nouveaux livres, presque tous achetés en 2013, m’amènent à penser qu’une sociologie de la consommation des dystopies EN GENERAL doit être entreprise.

Jusque ici, vous allez me dire « ok, pas hyper passionnant », mais, encore une fois, vous vous trompez !
En étudiant ces livres (bon, en les lisant plutôt, et versant quelques larmes), quelque chose m’a sauté aux yeux (non, pas le fait que j’étais AUSSI en train d’en écrire une, c’est venu plus tard…).

 

Si vous êtes contre la « théorie du genre » ceci pourrait vous effrayer.

/!\ C’est ICI que ça devient intéressant ! /!\
Il s’avère que ces dystopies, toutes sans exceptions, ont pour personnage principal… une fille.
OUI ON VA PARLER DE GENRE !!!

On va me rétorquer « bah c’est normal voyons, les dystopies que tu lis, c’est pour les filles, dans les rayons filles AHAHAHA ». Eh bien non. Pour deux raisons, 1 : il n’y a pas de rayon « science fiction pour les filles » et 2 : les garçons lisent aussi les dystopies avec pour personnage principal une fille. De plus, si vous en avez lu, et si vous connaissez le principe de la dystopie (que j’aurais peut être du énoncer plus haut…), la dystopie est plutôt un genre « sombre » « triste » « violent ». AH et la théorie djendeur me dit que… « c’est plutôt des caractéristiques qui s’appliquent aux garçons ça » !
Alors, ceci est un réel objet sociologique, non ? Et plus encore, un objet dont les gender studies doivent s’emparer ! On a déjà vu Hunger Games recevoir un « prix » pour sa valorisation de la femme selon les critères du test de Bedchel, et s’il est si vu, s’il est si lu… que peut-on en déduire sur la société ? Ici, je pense qu’une analyse trèèès profonde en statistique, suivie d’entretiens avec les lecteurs serait passionnante. Et pas seulement pour la sociologie !

Alors voilà, voilà comment je me suis dit que j’allais faire un mémoire sur Hunger Games et tout le reste… Avant de me rendre compte que cela ne complétait pas vraiment la condition n°2, à savoir « Euh, ça sert à quelque chose ça ? » [Je précise que je ne suis pas schizophrène, mais qu’on a beaucoup de conversations dans ma tête, c’est très utile dans ce genre de situations]. Oui, est-ce que cela va me servir à quelque chose ? J’ai des doutes… Et pourtant… et pourtant en 2014, la plupart des dystopies présentes dans ma bibliothèque (ahem, celle de ma soeur) vont être adaptés au cinéma… Et alors la sociologie, t’attends quoi ?