acteur

L’acteur et le système (Crozier, Friedberg)

Les listes de lecture sont longues en M1 de Socio, et forcément, j’ai commencé par un livre dont je savais d’avance que la lecture serait difficile. Difficile, non pas parce qu’incompréhensible, mais parce que :
-Le thème ne m’intéresse pas forcément (ouais, les organisations c’est un peu barbant…même beaucoup !)
-Je ne suis pas d’accord avec les auteurs 80% du temps
-D’ailleurs, un livre collectif, généralement ça a des points faibles, car on se retrouve parfois avec un manque d’uniformité…
-Il fait 500 pages écrit petit (super important comme critère, surtout quand on sait que c’est barbant, cf plus haut)

(J’instaure dès à présent un système de bullet points, plus facile à comprendre qu’une dissertation…)

Après avoir fini la première partie, assez répétitive selon moi, on peut déjà faire quelques conclusions:

Les objectifs du livre sont (en résumé) de :
-Comprendre le fonctionnement des organisations
-Étudier la place de l’acteur
-Comprendre la place des incertitudes et des problèmes auxquels font face les organisations
-Trouver des méthodes de recherche non déterministes

La première partie insiste sur :
-Une méthode de recherche NON DÉTERMINISTE (répété 20 fois par chapitre)
-La liberté de l’acteur, grand stratège, qui essaye de maximiser ses gains et ne pas perdre sa liberté tout en l’agrandissant
-L’organisation comme entité où se développent des relations de coopération, de stratégie, de pouvoir ou de conflit, etc.
-Ce qui fait au final que les actions organisées (dans l’organisation) sont tout autant de jeux relationnels où les contraintes structurelles (règles principalement) et les stratégies des acteurs mobilisant leurs ressources se rencontrent.
-Et la sociologie plutôt holiste, avec aussi les fonctionnalistes, les héritiers de Goffman, Durkheim, ou même Marx du coup, ainsi que les ethno-méthodologistes, et même la pensée économique classique (l’individu rationnel blablabla)  sont mis au tapis.

Alors oui, démarrant comme ça, ce livre est agaçant. Cependant, ce livre a le mérite de proposer une énième critique au déterminisme…
-La théorie du jeu est plutôt convaincante, car elle associe la liberté de l’acteur aux contraintes du jeu (suivre les règles explicites et implicites). Mais l’hypothèse comme quoi l’acteur pourrait changer les règles du jeu pour gagner du pouvoir (alors qu’il est plutôt dominé au départ) me semble plus compliquée dans le cadre de l’organisation (où les acteurs sont nombreux) car cela suppose que l’acteur est déjà en situation de pouvoir pour avoir obtenu dans ses stratégies de jeu la capacité de modifier les règles, tout en gagnant son pouvoir par les règles préexistantes. On a au mieux un raisonnement circulaire (le puissant reste le puissant), au pire, une erreur de raisonnement… (ou l’inverse ?).
-La critique du concept de « rôle » est plutôt bien formulée, avec l’analyse de la déviance. En effet, selon les auteurs la déviance ne prend sens que si les acteurs acceptent leur rôle et les règles du jeu. S’ils ne le font pas, il n’y a pas de déviance, mais une nouvelle stratégie.

Si ce n’est qu’il est un peu répétitif et repoussant, ce livre peut apprendre pas mal de choses, et faire réfléchir… Mais la suite, principalement centrée sur la structure des organisations, me triture les méninges d’avance…